vendredi 4 mai 2007

Quand je serait grande, je serai ???

Encore une fois sur un autre blog http://unjourapreslautre.blogspot.com j’ai vu ceci : ce que nous imaginions devenir plus tard quand nous étions petits. J’ai trouvé la question bonne et cette dernière a suscité chez moi ce constat : je ne le savais pas vraiment quand j’étais petite, je ne le sais toujours pas aujourd’hui. J’ose donc vous offrir aujourd’hui ma réflexion et surtout mon évolution.

Quand j’étais petite probablement que j’ai un moment donné voulu être une princesse ou quelque chose du genre. Avec ma grande sœur et parfois ma couz, on jouait aux barbies et curieusement, nos demoiselles n’étaient pas riche. Nous aimions avoir des familles dysfonctionnelles sur le B.S. avec des enfants qui se faisaient battent quand ils faisaient pipi au lit. La merveilleuse maison de Barbie de ma sœur était laissée de côté et nous préférions faire une maison avec le secrétaire cheap de mon père et un vieux tiroir de cuisine. Peut-être qu’au fond je voulais être travailleuse sociale? Au moins j’étais une enfant avec beaucoup d’imagination.

Au primaire j’étais une véritable cheftaine qui menait sa gang. Quand quelque chose ne faisait pas mon affaire je crinquais ma gang pour aller chez le directeur revendiquer nos droits. Monsieur Cloutier devait me trouver assez intense! Je me souviens une fois en particulier où nous les filles étions tannées de se faire pincer les fesses, lever nos jupes, etc par les garçons. Trouvant la situation inacceptable, j’ai réunis les demoiselles et je les ai convaincues que puisque les avertissements du professeur ne menaient à rien, il fallait aller chez le directeur et que nous ne sortirions pas de son bureau tant que nous ne serions pas satisfaites. Notre problème a été réglé! J’ai découvert dans ces années que si tu voulais quelque chose, il fallait le demander et il ne fallait pas avoir peur de revendiquer. Sans le savoir, je voulais peut-être devenir une « leader » syndical. J’ai également découvert la radio, animer à la radio avec un petit projet que nous avions eu en 6e année. Avant aussi, j’ai découvert le théâtre quand j’ai joué le rôle d’un lutin du père noël en 4e année. Avant mon entrée au secondaire, je voulais faire partie de tous les comités, faire de la radio étudiante et surtout du théâtre.

Mon enthousiasme débordant et mon côté cheftaine sont allés se cacher dans le fond de la garde-robe lors de mon entrée à l’école des grands. J’étais traumatisée et soudainement j’ai découvert que j’étais une fille gênée. J’étais dans une classe où je ne connaissais personne, l’école était devenue mon cauchemar, chaque soir je pleurais. Ma mère a fini par me faire changer de classe avec l’aide de mon tuteur. J’avais d’ailleurs écrit une longue lettre de remerciement à ce dernier qui était venue me remercier de ce geste avec la larme à l’œil. J’étais maintenant une fille reconnaissante. Les trois premières années de mon secondaire ce sont déroulé dans l’anonymat et l’envie d’aller dans les différents comités que l’on retrouvait. J’avais tellement envie de faire du théâtre, mais j’étais trop envahie par la peur. J’étais maintenant une fille peureuse. En secondaire deux j’ai eu la révélation : j’enseignerai l’histoire. Cette matière me fascinait au plus haut point. On pouvait comprendre l’évolution de l’homme, connaître comment nous étions arrivé à aujourd’hui. C’était une idée fixe! En secondaire quatre, j’étais l’espoir de mon prof d’histoire qui me disait qu’à sa retraite j’allais être prête pour le remplacer. Finalement, il a prit sa retraite deux ans après mon départ du secondaire. Je m’en allais au cégep avec cette seule idée : être enseignante au secondaire en histoire.

Le cégep, période très plate de ma vie. J’ai déchanté sur l’enseignement! Ma nouvelle vie d’adulte responsable avec les responsabilité d’un appartement et 50 cents dans son compte en banque m’a fait comprendre que la vie c’est pas toujours facile! Ma 1ère soirée dans mon appartement était pathétique! J’étais trop orgueilleuse pour repartir dans mon village natal après que l’on ai déménagé mes meubles. Même si ma mère m’a probablement dit : « T’es pas obligé de rester ici tout de suite, tu ne commences pas l’école demain. » Non, je voulais rester. J’aurai dans ma mémoire l’image de moi dans le divan rose de ma coloc, a manger du spaghettis au spaghettis (parce que trop pauvre pour avoir de la sauce ou du beurre) entrain de regarder Beverly hills sur une petite télé en noir et blanc qui grichait. J’étais maintenant une étudiante pauvre. Durant mon cégep j’ai travaillé fort pour avoir de bonnes notes et réussir à terminer en deux ans, ce que j’ai réussit. J’étais maintenant une fille déterminée. J’ai également changé d’idée cent fois sur ce que je voulais faire : enseignante en histoire, travaillé en tourisme, je ne sais plus, être comédienne?, je veux travailler en histoire mais quoi faire?

Après le cégep, j’ai arrêté avant d’entrer à l’Université. En fait, mon idée était d’aller m’installer à Montréal : à l’époque c’était pour moi LA place. Je voulais travailler un an et ensuite m’inscrire dans une école de théâtre. Après la rencontre au conservatoire de Montréal, j’ai changé d’idée et je voulais attendre un peu, voir plus qu’est-ce que c’était. Je suis déménagée avec mon grand frère, un alcoolique qui était supposé avoir arrêté de boire. Quand je me suis rendu compte qu’il n’avait pas d’argent, qu’il compterai sur moi pour tout payer, qu’il avait aussi recommencé à boire, j’ai quitté Montréal. Je m’étais pourtant trouvé du travail et j’étais pleine d’espoir. J’ai téléphoné ma mère en pleurant et en lui demandant d’aller illico me déposer les 16$ qu’il me manquait pour me payer un billet de bus, j’ai écrit une note à mon frère (qui cuvait encore son alcool) et j’ai pris le 1er bus pour Québec. J’étais une fille triste, sans emploi et désillusionnée. J’avais également choisi de sauvé mon moral à la place de mon frère.

J’ai passé six mois sans travailler, tout ce que j’essayais ne fonctionnait pas. J’ai pu corder les 13 cordes de bois chez maman, être la réplique pour ma cousine qui allait passer les auditions pour les écoles de théâtre, réfléchir à ce que je voulais faire dans la vie, aller travailler ensuite dans un dépanneur et surtout aller participer à l’émission Les Mordus à TVA! J’ai décidé d’aller étudier en histoire ou en histoire de l’art ou en communication politique. Je n’ai pas été accepté pour la dernière option et j’ai choisi histoire à l’Université Laval. J’étais maintenant une fille pleine d’espoir!

Je suis rentrée à l’Université en me disant que c’était assez la gêne et de passer à côté de tout dans la vie. Je suis allée à mon initiation avec la peur au ventre mais avec une grande détermination à me faire des amis. Même si ce que j’avais vu la veille à la réunion des nouveaux ne me semblaient pas super : Une fille tellement stressée que j’ai eu peur de l’approchée (maintenant devenue ma meilleure amie), un gars qui était déjà déguisé pour l’initiation même si c’était juste le lendemain et un mongol nommé Fafard qui était en fait un schizophrène dépressif violent qui faisait toujours des drôles de sons. J’avais quand même réussit à me faire une amie qui avait l’air équilibrée (mais dont j’ai découvert plus tard qu’il s’agissait de la pire pétasse enfant gâtée que j’ai connu). Mes années en histoire ont été des plus belles. Je me suis impliquée à fond, j’ai travaillé fort, je me suis fait des amis que je vois toujours aujourd’hui et qui sont mes perles. Malgré les soirées à travailler fort, les heures passé à la bibliothèque et à être tellement découragé que je ne pouvais que me coucher sur mon plancher de salon et pleurer en disant : « Crisse de séminaire j’y arriverai jamais, je vais me faire planter par tout le monde » j’ai adoré cette époque et j’ai réussit. J’ai développé mon côté critique, mon côté contestataire, ma pensée, mes goûts. J’ai pu découvrir l’entraide entre étudiants. Des années de croutes comme j’appel. J’étais toujours aussi pauvre, mais la solidarité de groupe fait que tu peux quand même aller au Pub universitaire trois soirs semaines durant la 1ère année. J’ai définit ce que je voulais faire dans la vie. J’étais maintenant une fille définie.

Les cinq étés de mes études (3 ans ½ de bacc et 1 an de certificat) j’ai travaillé aux Archives nationales du Québec. C’est là que je me suis dit : « L’emploi parfait pour moi la fille qui ne veut pas travailler avec le public, qui aime être seule dans ses affaires. » Bon ok je me connaissais mal, car au fond ce que j’aimais de ce job c’était le service au public. Grâce à cet emploi, j’ai également été capable d’être l’archiviste de la CADEUL (asso étudiante de l’Université Laval). J’ai fait mon chemin à cet endroit jusqu’à devenir la chargée de projet pour un événement fait en collaboration avec la CADEUL. J’ai découvert que j’aurai dû étudier en communication et qu’au fond ce que j’aimais c’est d’organiser des événements, que j’aimais travailler avec le monde, que j’avais besoin de ça. J’étais une fille mêlée.

Après plus de trois ans dans cet organisme qui a su me mettre à bout et dont je suis complètement désillusionnée aujourd’hui, j’ai pris mon été de congé. J’étais sur le chômage, je me suis remise en forme, suivie un régime, écrit un blog et trouvé mon emploi à Rimouski pour les Archives nationales. Grâce à mon blog j’ai rencontré mon amoureux, que je considère être l’homme de ma vie. Je suis une fille amoureuse.

Je ne sais pas si j’aime vraiment mon travail car je m’ennuie souvent. Je ne sais pas si je suis dans le bon domaine. Par contre, je sais que je suis une fille avec des convictions, passionnée, conscientisée, féministe à sa façon, déterminée, pleine d’espoir, reconnaissante, toujours pauvre, amoureuse et heureuse. J’aime ce que je suis devenue et je me dis qu’au fond l’important c’est quoi : avoir un métier ou savoir qui on est et être heureux. Même si pour moi c’est très important d’aimer ce que tu fais dans la vie, c’est beaucoup plus important d’aimer ce que tu es. Merci la vie pour les obstacles et le beau chemin que j’ai eu!

5 commentaires:

Le Voyou du Bayou a dit…

Jamais un repas constitué de pâté à la viande et de ragoût concoctés par Gaétane n'ont été accompagnés d'un aussi bon texte!

Faudrait que je fasse l'exercice moi aussi, parce que dans le fond, à part d'avoir voulu être pompier et astronome, je ne me rappelle pas grand chose d'aussi précis par rapport à mon cheminement assez linéaire...

Finalement, depuis que je travaille pour le gouvernement, je n'éprouve pas le besoin de me définir par ce que je fais professionnellement. C'est plutôt par ce que je suis et ce que je fais personnellement que j'aime me définir.

Bref, je serai toujours beaucoup plus fier d'être musicien à temps partiel que fonctionnaire à temps plein. Je suis devenu une saloperie de fonctionnaire. J'utilise tout de même mon cerveau de façon à sortir des sentiers battus une fois de temps en temps... J'imagine que ça compense un peu?

Je t'aime et tu es définitivement la seule blogueuse stimulante à tous les niveaux.

petite fraise a dit…

Je ne dirai pas que le voyou a tout à fait raison (concernant sa dernière phrase notamment), mais j'ai beaucoup aimé ton texte... Je m'y suis reconnue, bien que je n'ai pas emprunté le même chemin...

Grande-Dame a dit…

Ne faudrait-il pas s'inquiéter, Voyou, si d'autres blogueuses étaient aussi stimulantes "à tous les niveaux"? ;-)

Nat a dit…

Je viens de découvrir ton blog, et j'aime bien ce billet. On a presque le même âge, moi aussi j'ai voulu m'en aller en enseignement au cégep, mais au primaire, et j'ai finalement changé d'idée. Je n'ai pas de métier, mais je sais qui je suis et ce que je veux, et pour moi c'est ça le plus important. J'ai la santé, je ne manque de rien, j'ai un amour merveilleux, et je suis heureuse. C'est tout ce qu'il me faut.

Jacynthe a dit…

Salut !
Je tenais à venir répondre à ton commentaire malgré que j'y ai pris du temps. Je suis contente que ma vie, mes mots peuvent servir à quelques personnes, quitte à les allumés sur leur propre vie, leur propre chance. Mais je dois t'avouer que lorsque ça va bien, c'est si facile d'oublier et de se laisser prendre dans le tourbillon, les désirs et les envies. Au fond, c'est sûrement ça la vie, ne pas se rendre compte à quel point elle est précieuse et vivre inconscient de ce qu'on peut perdre, inconscient qu'il faut en profiter amplement.

En même temps, je me suis mis à jour dans tes textes et j'ai beaucoup aimé ce dernier. Je me suis permis de citer une de tes phrases chez moi.

Au plaisir de continuer de te lire.