vendredi 22 juin 2007

Histoire d'écrits

À cette époque où la technologie est présente dans nos vies, vous créez des liens par le net. Lecteur de blogs, vous suivez la vie de pleins de gens que vous n’avez jamais vu, jamais rencontré. Moi-même j’ai rencontré mon amoureux par le biais des blogs.

Cette semaine à mon travail, j’ai croisé l’ancêtre de l’Internet : la correspondance. J’ai donc envie de vous partager cette très belle histoire.

L’histoire se déroule sur plusieurs décennies. Elle commence avec la 1er Guerre mondiale. Une jeune Québécoise du nom de Gabrielle devient marraine de guerre et débute une correspondance avec un soldat belge du nom de Charles. Une marraine de guerre était une femme qui écrivait à un soldat seulement pour remonter son moral.

Gabrielle et Charles débute leur correspondance en 1917, échangeant sur leur quotidien, leur famille, etc. Ils se sont envoyé des photos d’eux et de leur environnement respectif. Des lettres banales la plupart du temps, mais qui nous apprenne sur la vie de Charles (puisque la majorité des lettres sont celles envoyées par lui). Je suis tombée sur une lettre où une femme belge écrivait à Gabrielle de ne plus écrire à Charles, car ce dernier la ridiculisait auprès des autres soldats. Il montrait ses lettres à tout le monde. De plus il lui avait écrit qu’il avait perdu le porte-cigarettes qu’elle lui avait envoyé. La femme jalouse écrivait que ce n’était seulement pour en avoir un autre car il avait donné le premier. Gabrielle ne s’est pas laissé impressionnée par cette femme et lui a répondu qu’elle n’était qu’une jalouse. Elle lui expliqua que son seul but était d’être marraine de guerre et qu’elle n’avait pas besoin de se trouver un homme sur un autre continent, il y avait ici assez de bons Canadiens français pour se trouver un ami. Charles a écrit à Gabrielle pour lui confirmer qu’il était vraiment son ami et qu’il ne faisait aucun geste de méchanceté. L’Histoire nous dit qu’il était honnête, puisque leur correspondance s’est continuée durant plusieurs années.

On se doute que Gabrielle était en amour avec son soldat. Un jour, elle apprend que Charles se marie, elle cesse de lui écrire et lui laisse savoir sa déception dans une lettre. Quand même, elle continue de lui écrire après un répit. Elle-même trouve l’âme sœur ici et se marie en 1934. Elle envoie à Charles les photos de ses noces. Puis, la 2e grande guerre est arrivée, Gabrielle écrit à son ami pour l’encourager et lui démontrer son support. Leur correspondance n’a jamais cessé et ils ont pu se raconter leur vie durant plusieurs années. On retrouve dans les boîtes des lettres et des photos de Charles, de ses enfants, de Gabrielle aussi.

Ils ne se sont jamais rencontrés. On a voulu organiser une rencontre entre ces deux personnes, mais Charles est décédé avant. Nous détenons toute la correspondance envoyée à Gabrielle, mais nous n’avons pas celle envoyé à Charles, parfois des brouillons.

Gabrielle est décédée à l’âge de 101 ans il n’y a même pas 10 ans. Elle aura laissé dans l’histoire une toute petite trace, infime. Chaque fois que j’ai à ouvrir son fonds d’archives, je ne peux m’empêcher de penser que je tiens dans mes mains des lettres écrites il y a presque 100 ans.

C’est bien beau la technologie, on est plus ouvert sur le monde. On peut toutefois se demander s’il Restera des traces de nos histoires?

3 commentaires:

Grande-Dame a dit…

Comme c'est touchant! J'imagine l'effet que ça doit faire de manipuler des lettres écrites par des gens réels qui éprouvaient de réels sentiments, de toucher ce papier qui a recueilli des émotions et peut-être des espoirs.

Très beau billet!

Megane a dit…

Probablement ne restera-t-il rien de nos courriers binaires, et je trouve aussi cela dommage en ce sens. De plus, la teneur émotionnelle de ces échanges informatiques ne sont plus les mêmes qu'auparavant, et je pense que de conserver la trace d'e-mails ne procurera jamais la même sensation que des lettres manuscrites dont le papier s'imprime d'intensité avec l'âge.

Nat a dit…

C'est vrai que c'est dommage! Il ya quelques années, j'avais une amie qui n'avait pas internet donc on s'écrivait régulièrement des lettres pour se raconter nos vies, et j'adorais ça! Ça me manque beaucoup d'écrire autre chose que des courriels. Parfois j'en envoie à une de mes tantes que je ne vois pas souvent. Et c'est tellement agréable d'en découvrir une dans ma boîte aux lettres.